Henri Thomas :l'écriture du secret
Collection DÉTOURS, Champ Vallon, mars 2007.
Introduction
«Une initiation au secret»
par Patrice Bougon et Marc Dambre
I LECTURE DU SECRET
Un bonheur sans nom
Sur Henri Thomas
par Jean-Christophe Bailly
Henri Thomas et le récit
par Dominique Rabaté
Henri Thomas et les «absences de pensées»
par James Petterson
Le secret et la mort dans Le tableau d’avancement
par Karine Gros
Poésie de l’oubli et errance romanesque
dans Le Croc des chiffonniers
et Ai-je une patrie
par Michael Syrotinski
La lacune narrative et l’étrange familiarité
des personnages dans Le Parjure
par Patrice Bougon
Sur un récit de veille: le promontoire du secret
par Pierre Vilar
De la nouvelle au roman: métamorphoses du récit
dans Le Précepteur
par Alain Schaffner
Le réalisme en question de Henri Thomas
par Pierre Hyppolite
Henri Thomas, une écriture du ressouvenir:
Le Migrateur, Le croc des chiffonniers, Ai-je une patrie
par Gilles Quinsat
«Un petit bruit de sable gratté»
Les romans de l’écriture, 1942-1975
par Pierre Lecœur
II HENRI THOMAS ET SES CONTEMPORAINS
Henri Thomas et les «idylles arcadiennes»
de Pierre Herbart
par Hervé Ferrage
Mort, deuil, écriture.
Autour des carnets d’Henri Thomas et de Georges Perros
par Philippe Met
Le roman à l’aune de l’amitié
Henri Thomas-Emmanuel Peillet
par Luc Autret
Henri Thomas, André Dhôtel
et l’aventure de la revue 84
par Philippe Blondeau
Henri Thomas à la NRF
(décembre 1940-juillet 1943)
par Jacques Lecarme
Henri Thomas, épistolier
par Joanna Leary
Mes anciens auteurs (inédit)
par Henri Thomas
Bibliographie
par Luc Autret
4 Alain Veinstein, Les heures lentes, Entretiens entre Henri Thomas et Alain Veinstein, France Culture, Nuits magnétiques, 1983, Préface d' Alain Veinstein, Editions Arléa, 2004.
On trouve une note de lecture de ce volume sur le site de Jean-Michel Maulpoix, que nous saluons ici, signée par Anthony Dufraisse :
http://www.maulpoix.net/Thomas1.htm
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SELECTION D'ARTICLES
Celle-ci est issue de la thèse de PIERRE LECOEUR soutenue en octobre 2007( voir rubrique Membres).
Les mises à jour seront signées par les initiales des auteurs.
ALPHANT Marianne, « Henri Thomas, La plume d’Houat », Libération, 25 juillet 1985.
ARMEL Aliette, « Henri Thomas : l’échappée fatale », Le Magazine littéraire, n° 299, mai 1992, p. 72- 73.
ARNAUD Noël, « Henri Thomas et la Pataphysique : Une Saison volée », Sud, Hors Série 1991, p. 79- 95.
BERGER Yves, « La tentation de l’Impersonnel », La N. R. F., n° 90, juin 1960, p. 1118-1129.
BLANCHOT Maurice, « Henri Thomas a poursuivi son œuvre », La N. R. F., n° 51, mars 1957, repris dans Obsidiane, n° 30, automne 1986, p. 45-49.
BLOT Jean, « La nuit d’Henri Thomas », La N. R. F., n° 501, octobre 1994, p. 29-32.
BOUGON Patrice,
« Réticence de la parole et fenêtre sur cour. Le Prophète de Henri Thomas »,
Roman 20/50, Université de Lille III, n° 32, décembre 2001, p. 103-112.
– « L’écriture du carnet d’écrivain chez Henri Thomas. Une lecture de Londres, 1955, Fata Morgana, 1999 », RSH, Université de Lille III, n° 266-267, novembre 2002, p. 283-297.
– « La lacune narrative et l’étrange familiarité des personnages dans Le Parjure », L’écriture du secret, dir. Bougon P. et Dambre M., Seyssel, Champ Vallon, 2007, p. 71-85.
- << Réticence et amitié dans Le parjure. Parler et ( ne pas ) voir >>. in La réticence dans les écritures poétiques et romanesques contemporaines, Textes réunis et présentés par Jacqueline Michel et Marléna Braester, Samuel Tastet éditeur, 2007, p. 179-186.( P.B)
BRENNER Jacques,
« Un révolté consciencieux », Critique, n° 42, novembre 1950, p. 115-127.
« Thomas l’insoumis » (Cahiers des Saisons, 1957), Obsidiane, n° 30, automne 1986, p. 53-66.
BRICHE Luce, « Je ou les ambiguïtés : Max Frisch, Paul Nizon, Henri Thomas », Les Romans du Je, dir. Ph. Forest, C. Gaugain, Nantes, Pleins Feux, coll. « Horizons Comparatistes », 2001, p. 433- 452.
BROYART Benoît, « Le guetteur fabuleux », Le Matricule des Anges, n° 39, juin 2002.
BRUNET Pierre, « Henri Thomas en Amérique », Henri Thomas, Cahiers du Temps qu’il fait, n° 13, 1998, p. 84-91.
CARON Maxime, « Le réalisme insolite d’Henri Thomas, expression du monde du dehors et du dedans », Sud, Hors Série 1991, p. 57- 77.
CECCATTY René de, « La mort de Henri Thomas », Le Monde, 5 novembre 1993.
DERRIDA Jacques, « Le Parjure peut-être », Études françaises, P. U. de Montréal, vol. 38, 1-2, 2002, rééd. Sous le titre Le Parjure, peut-être : « brusques sautes de syntaxe », Paris, L’Herne, coll. « Carnets », 2005.
EZINE Jean-Louis, « Thomas le discret », Le Nouvel Observateur, 18-24 novembre 1993.
FARASSE Gérard, « Portrait d’Henri Thomas en chiffonnier », Empreintes, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Objet », 1998.
FERRAGE Hervé,
« Henri Thomas, la dépossession et la grâce », La N. R. F., n° 501, octobre 1994, p. 55-68.
« Le langage comme patrie », Henri Thomas, Cahiers du Temps qu’il fait, n° 13, 1998, p. 15-25.
JACCOTTET Philippe, « Dans la détresse » (Gazette de Lausanne, juin 1964), Obsidiane, n° 30, automne 1986.
LEPAPE Pierre,
« Les mystères d’Henri Thomas », Le Monde, 19 décembre 1986.
« Les spectres d’Henri Thomas », Le Monde, 12 août 1988.
MICHA René, « L’œuvre de Henri Thomas », Critique, n° 200, janvier 1964, p. 52-65.
MUSITELLI Christophe, WEITZMANN Marc, « Portrait d’un Verlaine taoïste », Les Inrockuptibles, 28 juin-4 juillet 1995.
PACHET Pierre, « L’Indiscret », La N. R. F., n° 442, novembre 1989, p. 14-18.
QUINSAT Gilles, « Le Saut dans le temps », La N. R. F., n° 501, octobre 1994, p. 92-116.
RABATE Dominique, « Henri Thomas et le récit », L’écriture du secret, dir. Bougon P. et Dambre M., Seyssel, Champ Vallon, 2007, p. 17-33.
ROBIN Pierre, « John Perkins, ou “ le peu de réalité ” », Critique, n° 166, mars 1961, p. 221-225.
ROUDAUT Jean,
« Les petits hasards inquiétants », La N. R. F., n° 326, mars 1980, p. 64-73.
« Un roman évocatoire », La N. R. F., n° 442, novembre 1989, p. 24-33.
« Henri Thomas », Le Nouveau Dictionnaire des auteurs, t. 3, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1994.
VAQUIN Agnès, « L’œuvre ouverte d’Henri Thomas », La Quinzaine littéraire, n° 743, 16-31 juillet 1998.
VILAR Pierre, « Rebec d’Henri Thomas. Le poète et le discret », Henri Thomas, Cahiers du Temps qu’il fait, n° 13, 1998, p. 95-105.
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Maxime Caron, Henri Thomas, Editions La Part Commune, Rennes 2006, 255 pages, 15 euros.
http://lapartcommune.com
Trois notes sont parues sur l'essai signé par Caron, nous en donnons deux à lire :
Besson Patrick, dans la revue Marianne, N° 481, Semaine du 08 juillet 2006 au 14 juillet 2006. Nous remercions cette revue pour cet article.
Avez-vous relu Henri Thomas?
Patrice Bougon, Henri Thomas de Maxime Caron, NRF, janvier 2007, N° 580, pp. 304-306.
Anthony Dufraisse, Un inconnu capital, in Matricule des anges, N°78 , nov-déc 2006, p.47.
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Note de lectures données à lire: Sur l'essai Henri Thomas, 2006, de Maxime Caron par Patrice Bougon, Patrick Besson, Anthony Dufraisse.
1) Nous proposons ce premier parcours, en attendant de revenir plus longuement sur ce livre indispensable, dans un article de revue.
Patrice Bougon, 27 juillet 2006. ( Depuis cette date une note de la NRF rend hommage à cet essai)
Dans son essai de cent soixante pages, Maxime Caron réussit une gageure : rendre compte des principaux thèmes d'une œuvre de plus de cinquante volumes, relevant de tous les genres, tout en étant attentif aux traits distinctifs d'une écriture, à la fois, classique et énigmatique. En effet, Caron analyse bien l'ambiguïté des récits hantés par la poésie, l'identité instable des personnages et du narrateur, l'étrangeté produite par un art singulier de la description.
La poésie, parfois négligée par la critique, est ici, au contraire, privilégiée, elle est même entendue au sens large puisque Caron affirme, avec raison, que l'ensemble de l'oeuvre est << entièrement écrite sous le signe de la poésie >>, p 70. Une petite anthologie de poèmes, mais aussi des premières pages de nombreux romans disent bien cette poésie de la prose et son énigme essentielle.
Le ton de Maxime Caron est personnel, mais le souci de l'exactitude constant dans la pratique de son art d'expliquer simplement des choses compliquées. La notice biographique, la bibliographie et les vingt pages de notes complètent utilement cet essai en situant Henri Thomas vis-à-vis de son époque.
Par le choix judicieux de séquences peu souvent citées, Maxime Caron montre en quoi les moments réflexifs de l'oeuvre de Henri Thomas, sans se présenter comme théoriques, permettent cependant de penser le rapport singulier de l'auteur au monde qui s'élabore par un usage poétique du langage.
Les règles de la monographie permettent à Caron de bien situer Henri Thomas au regard de ses contemporains. Par des extraits de lettres, les relations entre la vie et l'œuvre sont évoquées avec précision, mais sans biographisme excessif, puisque au contraire, Maxime Caron souligne qu'il y a constante métamorphose de la réalité vécue par l'auteur. Or l'un des thèmes important de l'oeuvre n'est autre que la << vie >>, conçue comme l'expérience du péril mais aussi de la joie. Ces informations biographiques sont donc très utiles pour analyser la façon dont Henri Thomas articule réalité et fiction.
Cet écrivain pense souvent l'existence, mais sans aucune référence à Sartre, auquel tout l'oppose. S'il y a bien de la philosophie chez Henri Thomas, elle n'est jamais appliquée au roman. Il s'agit plutôt pour cet auteur, de chercher en quoi celui qui écrit, mais aussi le visible et les mots, deviennent objets d'une interrogation interminable disséminée dans l'œuvre, sans que cela en soit pour autant le motif principal. Enfin le critique nous indique en quoi la façon de raconter chez Henri Thomas peut dérouter le lecteur, voire expliquer la réception relativement modeste de son œuvre.
La démarche de Maxime Caron est double. D'une part, il analyse des thèmes ( le père, la femme, la vie, la désignation, la description), d'autre part, il ne néglige pas pour autant la chronologie puisqu'il signale en quoi certains motifs apparaissent dès les premiers livres et il souligne aussi l'importance des << romans de vieillesse >>, p.94.
Ainsi, en un bref volume, écrit dans un style très fluide, Maxime Caron, qui a le sens de la synthèse, donne, à la fois, une introduction indispensable à l'oeuvre de Thomas pour qui ne la connaît pas, mais il propose aussi une lecture personnelle qui stimule la relecture, voire engage un débat, par exemple, sur le statut de la métaphore et de l'image ( p.113, 118 ).
Nous avons donc affaire ici à un essai qui présente une œuvre très variée et complexe de manière très claire ( à la façon de Thomas critique ), tout en ouvrant de nombreuses pistes de lectures pour les familiers de Thomas. Il est bien d'autres aspects que cette note de lecture n'a pu aborder, nous invitons donc le lecteur à se procurer cet essai très stimulant sans tarder.
Patrice Bougon
2)Besson Patrick, dans la revue Marianne, N° 481, Semaine du 08 juillet 2006 au 14 juillet 2006. Nous remercions cette revue pour cet article.
Avez-vous relu Henri Thomas?
Les lecteurs d'Henri Thomas viennent de recevoir leur bible: Henri Thomas de Maxime Caron. L'éditeur - La Part commune - est breton comme le fut Thomas après sa soixantième année (Quiberon, île de Hoëdic, île de Houat). Le Vosgien qui voulait voir la mer ou plutôt l'océan. Le livre est illustré de superbes portraits de Thomas par Claudine Lecoq, sa compagne à partir de 1981. Thomas le 12 novembre 1988 écrivant, une couverture sur les genoux sans doute à cause du froid - toute sa vie il appartint à la noble catégorie des grands écrivains mal chauffés, le Gouvernement provisoire. Ou encore, dans le studio de la rue Paul-Fort (Paris XIVe) mis gracieusement à sa disposition pendant vingt et un ans par son ami de collège Jean-Jacques Duval, assoupi le 17 juin 1982, mais avec ce joli commentaire de la dessinatrice: «Henri Thomas assoupi sans jamais l'être.» Il y a aussi des photos, dont la plus émouvante est celle prise à Chantilly, deux mois avant la mort de Thomas. L'auteur amaigri, défiguré par la maladie, un bizarre foulard blanc de la dame de ses pensées autour du cou. Et sa casquette aplatie de prolo des mots.
Maxime Caron, ancien journaliste de la Voix du Nord, était un proche de Thomas. Et de son frère ami George Perros. Sa biographie est plutôt une bibliographie, il est vrai que Thomas a beaucoup raconté sa vie dans ses livres («une petite activité d'artiste n'a pas de sens si elle ne se dessine pas sur un fond vivant auquel elle se rattache»). L'enfance à Anglemont, l'adolescence au collège de Saint-Dié, la jeunesse à Paris, l'âge mûr en Angleterre et en Amérique, l'âge blet en Bretagne et la vieillesse dans une maison de retraite du XIVe arrondissement ont tous eu leur part de vers et de prose. Pour Thomas, la poésie comptait plus que le roman mais c'est dans le roman qu'il était le plus poète. Il avait pour lui cette goutte de mépris qui fait les grands amoureux. Il suffisait que ses phrases ne riment pas pour qu'elles chantent. Caron insiste judicieusement sur ce mélange, chez Thomas, de sérieux et d'improvisation, de désordre et d'organisation, de réalisme et de magie - qui fait de chacun de ses textes le cliché parfaitement net d'un monde intérieur totalement flou. La désinvolture de Thomas envers son art: le résultat imprévu et pourtant logique de la confiance qu'il avait dans son génie. «Pour moi, je sais depuis longtemps que je suis Dieu, qu'être Dieu est notre seule station véridique et qu'il s'agit d'oser le penser (avec Spinoza) pour être - non pas immortels - mais éternel. Mais quelle école!» Apportant, jeune homme, un manuscrit à Gide, il l'oublie dans le métro. Ce qui le fait rire. Gide pas du tout. Encore une bonne leçon d'un maître: la littérature n'est pas sur le papier.
Je revois un vieux monsieur en caban de marin tanguer entre les tables de Lipp, au milieu des années 80, et j'entends encore Jean-Louis Curtis me dire: «Regarde, un grand écrivain qui passe.» Ca ne sautait aux yeux de personne et notamment pas aux miens. Mais les livres, patients comme des pierres, nous laissent le temps de vaincre notre incroyance en eux. J'adore Henri Thomas. Il a écrit une cinquantaine d'ouvrages, les plus beaux de 1985 à 1993, entre sa soixante-treizième et sa quatre-vingt et unième année. C'est un cas unique dans l'histoire de la littérature mondiale: un auteur plus fort à mesure qu'il vieillit. Il est temps de mettre Thomas en Pléiade. De toute façon, il est mort: ça ne peut plus lui faire plaisir?
Henri Thomas , de Maxime Caron, La Part commune, 15 euros.
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