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Biographie

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on July 6, 2006 at 9:38:27 am
 
    • Biographies et entretiens de Henri Thomas (1912-1993)
    • I) Biographies

L'une rédigée par Hervé Ferrage, l'autre par le site Gallimard que tous deux soient remerciés.

Henri THOMAS

(1912-1993)

par Hervé Ferrage

Né à Anglemont, dans les Vosges, le 7 décembre 1912, Henri Thomas appartient par sa mère, institutrice, à une famille de fonctionnaires républicains et se rattache, par son père, au monde paysan. Cette double origine dont la mort précoce de son père, à la fin de la Première Guerre Mondiale, a renforcé à ses yeux la signification contradictoire, reste, tout au long de l'oeuvre, le motif d'une quête à la fois inquiète et mythique qui trouve le plus souvent dans la forme romanesque son expression adéquate. Alors qu'il termine ses études secondaires au collège de Saint-Dié, où il lit avec passion les poètes qui l'accompagneront toute sa vie (Baudelaire, Rimbaud, Corbière essentiellement), Thomas reçoit le premier prix au Concours Général de Philosophie, ce qui lui permet de venir à Paris où il devient l'élève d'Alain à Henri-IV. Ayant renoncé au concours d'entrée à l'E.N.S., il fait le choix d'une vie plus précaire et incertaine, marquée par de nombreuses amitiés littéraires et une importante activité de traducteur, d'essayiste, de romancier et de poète. Proche de Gide et du groupe de La N.R.F. (Paulhan, Arland etc.), il publie son premier roman, Le Seau à Charbon, d'inspiration essentiellement autobiographique, en 1940, et son premier recueil poétique, Travaux d'aveugle, l'année suivante. Après la guerre, il travaille pendant une dizaine d'années à Londres à la B.B.C. puis, marié et père d'une petite fille, il part, de 1958 à 1960, aux Etats-Unis comme professeur à Brandeis University, près de Boston. De même que son expérience londonienne lui avait inspiré La Nuit de Londres (1956), où il décrit les errances d'un homme dans la foule et la solitude nocturne des grandes villes, son expérience américaine est à l'origine de deux romans, John Perkins (Prix Médicis 1960) et Le Parjure (1964) qui, chacun à leur manière, prennent acte d'une profonde déréliction humaine dans un monde que les dieux ont déserté sans retour mais où la sensation aiguë du réel reste intacte. Si Le Promontoire (Prix Femina 1961) lui assure une certaine notoriété et confirme la force d'une écriture qui allie dépouillement, phrasé quotidien et sens inné de l'étrangeté, il faut aussi en noter la valeur prémonitoire. Comme le narrateur de ce récit, Thomas, en 1965, devient veuf. Rendu à la solitude et à ses vieux démons, il traverse alors de longues années sombres pendant lesquelles il publie peu, sinon deux recueils de nouvelles et un essai sur Tristan Corbière, Tristan le dépossédé, en 1978. Son inspiration poétique semble également décliner et, après Sous le lien du temps (1963) où se mêlent notes de carnet et poèmes, il ne publie plus guère que trois minces recueils au cours des dix dernières années de sa vie. Sans doute faut-il en chercher la raison dans la prééminence désormais accordée à l'écriture romanesque. Il n'y revient, certes, qu'en 1985, avec Le Croc des chiffonniers, mais c'est alors le début d'une intense activité créatrice, presque une renaissance, qui se poursuit, à raison d'un récit par an, jusqu'à la publication de Ai-je une patrie en 1991. A partir de cette date, de graves ennuis de santé diminuent considérablement son activité et il meurt à Paris le 3 novembre 1993, après avoir publié encore quelques brèves études critiques, un recueil de notes (La Joie de cette vie, 1991) et deux récits plus anciens restés jusqu'alors inédits (Le Cinéma dans la grange en 1992 et Le Poison des images en 1993).

 

Ce qui frappe dans l'itinéraire de Thomas, dans l'évolution et les fluctuations de son travail d'écrivain, c'est l'évidence d'un sentiment panique de la vie qui mêle de façon indissociable "délice et supplice de vivre", mouvement positif d'affirmation hors des limites du moi et égarement dans l'opacité d'une existence et d'une histoire singulières. Sa poésie est tout entière placée sous ce signe mais, par son parti pris de familière simplicité et d'humour, elle vise surtout à en alléger les tensions ou à les enchanter doucement et avec grâce. Les oeuvres de fiction proposent une vision plus âpre: c'est habituellement au coeur de la plus totale dépossession, sous la menace d'une catastrophe imminente, que les héros retrouvent avec une soudaineté imprévisible le sentiment émerveillant de leur présence au monde et d'une totalité dans laquelle ils sont compris. Le temps prend alors figure nouvelle, il apparaît comme un fragment d'éternité capable d'en restituer la saveur ou le goût. Mais les personnages de Thomas restent le plus souvent mal à l'aise dans l'existence ordinaire, ils y éprouvent la présence diffuse de regards hostiles portés sur eux. D'où leur instinct de déserteur ou, à tout le moins, de migrateur, leur souci de se dégager de dépendances malheureuses et de reprendre vie, hors du piège. D'où aussi cette prédilection pour les lieux de passage, trains, gares, hôtels, où, sous le signe du provisoire, se jouent leur destin. Le narrateur lui-même, aussi bien dans les récits à la troisième qu'à la première personne, participe à ce mouvement d'affranchissement et accompagne ses héros dans leur quête et leurs vagabondages: dénouant insensiblement les lois de la vraisemblance pour mieux affirmer les droits souverains d'une invention capricieuse, il donne à sa narration un rythme singulier fait d'ellipses et de brusques ruptures au milieu desquelles le lecteur ne trouve son chemin qu'à la faveur de moments privilégiés où le temps vécu semble se rassembler pour nouer ensemble tous les fils du récit. L'expérience d'une dépossession qui devient soudainement heureuse est ainsi partagée à la fois par les personnages, le narrateur et le lecteur selon la loi discrète mais rigoureuse d'une écriture qui mise sur le langage et son pouvoir de relancer à tout instant l'aventure de vivre.

 

Biographie partielle, proposée par le site Gallimard, que nous remercions

Henri Thomas est né le 7 décembre 1912 à Anglemont, dans les Vosges, dans une famille de paysans et d'instituteurs. Il suit des études secondaires à Saint-Dié, puis à Nancy. Entre 1933 et 1936, il est au Lycée Henri-IV, où il prépare le concours à l'École Normale Supérieure, auquel, d'ailleurs, il renoncera. Alain est son professeur de philosophie. La Dernière année, publié en 1960, la même année que John Perkins, est le récit à peine transposé des trois ans passés en Khâgne à Paris, du choix qu'il fait, finalement, de ne pas faire profession d'enseigner la littérature. Après voir effectué son service militaire dans un régiment de Tirailleurs algériens, il commence à voyager. En Europe centrale et en Espagne. Souvent à pied. Ses premiers poèmes sont publiés dans Mesures, en 1939, date à laquelle il est mobilisé, dans les Tirailleurs, avant d'être détaché interprète. Après la retraite de Dunkerque en 1940, il passe en Angleterre, puis séjourne à Pavie dans le Gers et se replie à Grasse, où il rencontre Gide, Michaux, Martin du Gard - son premier roman Le Seau à charbon venait d'être publié. De retour à Paris en 1941, il est chargé de classer et de mettre à l'abri la correspondance de Gide. Il publie alors son premier recueil de poèmes Travaux d'aveugle.

Déjà poète, déjà romancier à moins de trente ans, dès 1942, Henri Thomas publie ses premières traductions. De l'allemand, il traduit notamment Goethe, Ernst Jünger (Sur les falaises de marbre, Le Cœur aventureux, Jeux africains), Adalbert Stifter (Les Grands Rois et autres récits). Du russe, il traduit Pouchkine (Le Convive de pierre). De l'anglais, Melville (Le Grand escroc), le théâtre et Les Sonnets de Shakespeare, les Poèmes de jeunesse de Faulkner.

À la Libération, il devient secrétaire littéraire de Terre des Hommes, dont la direction est assurée par Pierre Herbart. Puis il rencontre Marcel Bisiaux, avec qui il fonde la Revue 84 qui verra naître quatorze numéros auxquels collaboreront Antonin Artaud, Pierre Leyris, André Dhôtel et, bien sûr, Bisiaux et Thomas eux-mêmes. Le premier numéro sort en 1947. Henri Thomas était parti l'année précédente à Londres, travailler dans le service de traduction de la BBC où il restera dix ans, non sans faire de longs séjours en France, et surtout en Corse.

En 1958, il accepte la chaire de littérature française à l'Université Brandeis aux États-Unis, qu'il occupe pendant deux ans. De là, de nouveau, il voyage. En Californie. Au Mexique.

Quand il rentre en France en 1960, il a déjà publié quatre recueils de poésie, deux recueils de nouvelles, cinq romans, ses traductions de Jünger, Melville, Pouchkine, Stifter, Shakespeare..., et un recueil de critiques, La Chasse aux trésors. Y sont réunis ses essais sur Verlaine, Supervielle, Saint-John Perse, Melville, Larbaud, Paulhan, etc., où Henri Thomas analyse les œuvres et fait parallèlement état des bouleversements sensibles qu'il aura subis, en sa qualité de lecteur subjectif.

Et l'année de son retour, Henri Thomas publie encore Histoire de Pierrot et autres (nouvelles), La Dernière année (roman) et John Perkins qui lui vaut le prix Médicis. L'année suivante, il entre aux Éditions Gallimard pour s'occuper des ouvrages en langue allemande. Il publie Le Promontoire. Il obtient le prix Femina.

« Tous les personnages d'Henri Thomas, écrit Alain Clerval cette année-là, sont des rêveurs, mais des rêveurs d'une espèce singulière. Contrairement à ces hommes d'une idée ou d'une passion qui refont le monde à leur mesure, ils font appel à l'imaginaire comme au seul recours capable de les soustraire à la vérité qui les consume et les dévore. »

Henri Thomas est décédé le 3 novembre 1993 à Paris.

© www.gallimard.fr 2005

 

II) Entretiens

 

1) Le précieux film de François Barat, Henri Thomas

Collection : Les Hommes-livres

Henri Thomas s'entretient avec Marcel Bisiaux

Production : INA/FR3/avec la participation de la DLL

Année : 1989

Durée : 56min

Résumé : François Barat qui avait déjà adapté deux récits d'Henri Thomas, La Cible et La Relique, écrit à propos de ce film : " C'est un grand bonheur de dire : vous avez tout à lire d'un écrivain - tout - et de se dire que de nombreux lecteurs auront d'intenses moments de lecture. Et puis la découverte d'un poète pour un public vaste est une mission peu commune et exaltante. Le film est un montage ; le portrait s'élabore en taillant dans l'ensemble de l'entretien, en disposant les mots et les phrases et les attitudes de manière à constituer une vaste image narrative ".

 

2) Signalons les entretiens forts riches de Alain Veinstein avec Henri Thomas, Les heures lentes, éditions Arléa, 2004. Transcription des Nuits magnétiques, 1983, France Culture.

Saluons la belle préface de Veinstein, La fenêtre et la lucarne, cet auteur qui fut aussi l'éditeur, chez Plon, en 1989, du carnet, Compté, pesé, divisé.

 

3) Entretiens avec Christian Giudicelli, France Culture, « À voix nue », avril 1975 (5 parties). La retranscription de ces entretiens a paru dans la revue orléanaise Théodore Balmoral, n° 46-47, printemps-été 2004, p. 136-147 ; n° 48, hiver 2004-2005, p.156-178, et enfin N°49.

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